Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des News En Séries, Le Blog
30 avril 2014

Feed Me [Pilot Script]

20443688 (2)

FEED ME

Comédie (Single-Camera) // 22 minutes

44030377

"The goal of sexual intercourse" (Pilot) Ecrit et produit par Sally Robinson (Dirt). Réalisé par Michael Trim (Weeds, Orange Is The New Black, Parks And Recreation). Pour NBC, Universal Television & Witt-Thomas Productions. 42 pages.

Emma et Will, la cinquantaine, se sont aimés, se sont mariés, ont fait des enfants, mais aujourd'hui leur couple dont tout le monde enviait la stabilité bat de l'aile. Elle ne sait plus très bien si elle l'aime encore. Lui la trompe avec une femme bien plus jeune. Lorsqu'elle le découvre, dans des circonstances dramatiques, toute la famille d'Emma, ses parents, ses frères et ses belles soeurs, s'unissent malgré leurs différends pour l'aider à traverser cette épreuve... 

Avec Mary-Louise Parker (Weeds, A La Maison Blanche, Angels In America, Red), Ethan Peck (10 Things I Hate About You), Ed Quinn (Eureka), Toks Olagundoye (The Neighbors), Andrea Parker (Le Caméléon, Desperate Housewives), Hart Bochner (The Starter Wife, Piège de Cristal), Debra Monk (Grey's Anatomy, Damages)...

 

   Non, ce n'est pas une erreur. Ceci est bel et bien une comédie. Dans le format en tout cas. Enfin une comédie noire. C'est ainsi que le show a été présenté lors de son développement et je vous le confirme : noir c'est noir. Feed Me est plus proche dans l'esprit de Weeds, Nurse Jackie, United States Of Tara ou encore The Big C, qui parvenaient tout de même à être plus légères, bref tout ce dont nous a régalé Showtime pendant plusieurs années, que de n'importe quelle autre comédie de network, de NBC ou d'une autre. En fait, je n'ai pas le souvenir d'avoir ri une seule fois à la lecture de ce script. Il m'a ébloui par son intelligence et sa finesse, mais certainement pas par son humour. Je ne sais pas ce qui a pris à NBC de commander ce pilote, ni même de le développer en premier lieu, mais le patron de la chaîne, ancien président de Showtime, n'a clairement pas compris qu'il avait changé de crèmerie...

   C'est un pilote difficile à décrire tant il est étrangement construit, même pour une série du câble d'ailleurs. Il commence dans une église par un dialogue face caméra entre Ned, l'un des fils de la famille, le plus jeune, très séduisant, homme à femmes, et une vieille nonne, que l'on ne reverra plus et dont on entendra plus parler. Et le texte est très flou, mêlant préceptes religieux et allusions sexuelles. Le sexe est au centre de ce premier épisode -mais pas nécessairement de la série en devenir- comme son titre l'annonce : "The goal of sexual intercourse". La phrase qui revient tout au long des 22 minutes, prononcée par l'héroïne, Emma, est d'ailleurs la question suivante : "What is the goal of sexual intercourse?" Elle la pose à tous les membres de sa famille, à son mari aussi avant qu'il ne fasse une crise cardiaque alors qu'il baise sa maîtresse dans un motel. Chacun a une réponse différente à apporter, de la plus idiote et simpliste à la plus élaborée, et chacun révèle à travers elle un pan de sa personnalité et sa philosophie de vie. "Sex doesn't have a goal" pense Will. "To fold your soul into the soul of another until there is no separateness and you see the Divine" répond Ned. "It changes as we change" déclare sa belle soeur. "To free ourselves from the burden of self-awareness and embrace the nameless passion of life" selon une infirmière de l'hôpital où Will est admis. "The goal is to release the tension" estime le père d'Emma. Le portrait de chaque protagoniste principal est magnifiquement écrit, avec une grande sensibilité. C'est très agréable à lire, très classieux, très littéraire. Mais ces mots, les futurs téléspectateurs ne les liront ni ne les entendront jamais. Malgré tout le talent du réalisateur, je ne vois pas comment il pourrait exprimer toutes ces idées en images.

    Emma est un personnage assez fascinant, très éloigné de Nancy Botwin -ce serait un plaisir de découvrir Mary-Louise Parker dans un autre registre- une prof de maths à l'esprit très cartésien, dévouée à son mari, déprimée depuis que ses enfants sont partis de la maison, qui souffre de quelques troubles obsessionnels compulsifs, qui a la manie de faire des listes pour tout, qui n'a plus eu d'orgasmes depuis des années alors elle simule... de plus en plus sujette aux idées noires, elle subit la tromperie de son mari avec un mélange de force, de désespérance et de soulagement qui la pousse presque à commettre l'irréparable en le débranchant du moniteur qui le tient en vie. Mais elle ne le fait pas. Will, quant à lui, est -je cite car je trouve ça très beau- "an explorer without an expedition, a poet without words". On pourrait le détester mais on a au fond de la pitié pour lui. Il a l'air de se sentir très seul, très malheureux, le coeur vide. Je ne vais pas vous faire le portrait des cinq ou six autres personnages mais ils sont en tout cas tous en dehors des clichés habituels des comédies familiales. Ils sont ambivalents, sur la brèche, assurément d'une grande richesse mais pas forcément très sympathiques. Les répliques aussi sont riches, fortes, référencées. On est en plein dans un film américain indépendant, un film d'auteur, comme en témoigne par exemple ce passage : "You think she won't tell me? Did you see what that girl did to Yves Montand? Dug him up out of his grave for a DNA sample. He was dead, but he wasn't finished being a father. She pulled him out of his final resting place, how about that? It's never over." C'est moins percutant hors contexte sans doute, mais avouez que c'est inattendu. C'est du HBO. 

   Le pilote élégant de Feed Me est une présentation très soignée d'une famille dysfonctionnelle moderne dans toute sa splendeur, avec ses contradictions, ses douleurs, ses doutes, qui dégage cependant beaucoup d'amour. On a envie de s'attacher à eux car ils font appel à la partie la plus sombre qui dort en nous. Mais ce n'est en aucun cas une série de network. Un Parenthood super dark. D'ailleurs, elle raconte au fond quelque chose de si banal qu'elle ne trouverait certainement pas non plus preneur sur le câble. Peut-être sur une chaîne comme Sundance Channel à la limite. Feed Me est un bijou déjà mort né.

Publicité
Publicité
29 avril 2014

Gaffigan [Pilot Script]

20443690 (1)

GAFFIGAN (2014) 

Comédie (Multi-Camera) // 22 minutes

44030376-bis

Ecrit et produit par par Jim Gaffigan (My Boys) & Peter Tolan (Rescue Me, Rake, Papa Bricole). Réalisé par Seth Gordon (The Goldbergs, Comment tuer son boss ?). Pour CBS, Sony Pictures Television, Fedora Entertainment & Brillstein Entertainment Partners. 42 pages.

Le quotidien mouvementé de Jim Gaffigan, comédien de stand-up passé de mode et père de famille, de sa femme et de leurs cinq enfants, qui partagent un petit deux-pièces new-yorkais...

Avec Jim Gaffigan, Ashley Williams (How I Met Your Mother), Adam Goldberg (NYC 22, The Unusuals, Two Days In Paris)...

 

   "Penis"… "Vagina" Oui, ce pilote contient les mots-clés nécessaires à tout pilote de CBS qui se respecte. Casée entre 2 Broke Girls et Two and a half men, Gaffigan serait parfaitement à son aise. Contrairement à More time with family qui se présente finalement comme une comédie familiale assez classique, très 90s, comme on en a déjà vu beaucoup, celle-ci tente le pari fou d’être un Louie grand public. Et c’est en partie réussi...

   Jim Gaffigan, tout comme Louis C.K., est un grand homme roux avec de l’embonpoint qui exerce le métier de comédien de stand-up, quand il n’est pas un père de famille disons… méga boulet. Dans ce premier épisode, il est pour la première fois depuis longtemps à la maison un jour de vacances et sa femme devant à tout prix boucler un projet, elle lui demande de faire à sa place plusieurs courses dans New York. Il doit présenter un dossier d’inscription à une école, déposer des cupcakes dans une autre, passer par l’église du coin, ce qui semble relativement simple et faisable pour le commun des mortels. Sauf qu’il va faire quelques bêtises en cours de route. Il croise des personnages hauts en couleur dont son meilleur ami, un travesti que l’on prend pour sa femme, un prêtre noir tout juste débarqué aux Etats-Unis et très heureux d’être là ou encore un garde qui bien des années plus tôt était présent à un de ses spectacles au cours duquel sa femme s’est faite insulter de "fat whore" ! Bref, entre sa poisse légendaire, son étourderie chronique et son manque de jugeote, il n’en rate pas une ! Le pilote est rythmé, amusant, un peu vulgaire mais pas trop, pathétique aussi d’une certaine manière. Ce n’est évidemment pas aussi brillant que Louie, ça manque de fond, mais c’est une proposition intéressante que CBS nous fait là.

   Gaffigan, comme son titre l’indique, est un exercice de style entièrement dévoué à son créateur, scénariste, producteur et acteur principal, dont la réussite reposera donc uniquement sur ses épaules. Ne connaissant pas le monsieur, j’ignore si le pilote peut être aussi sympa qu’il en a l’air sur le papier, mais CBS a peut-être trouvé là une sitcom familiale qui sort des sentiers battus, sans révolutionner quoi que ce soit pour autant…

28 avril 2014

Agatha [Pilot Script]

20443686

AGATHA

Drama // 42 minutes 

44030376

Ecrit par Tom Donaghy (The Whole Truth). Réalisé par Jace Alexander (New York Police Judiciaire, Rescue Me, Underemployed). Produit par Mark Gordon (Esprits Criminels, Grey's Anatomy, Army Wives). Pour ABC, ABC Studios, The Mark Gordon Company & Stearns Castle. 

Agatha McAuliffe, une ancienne délinquante qui a passé trois années en prison, est devenue une criminologue réputée. Appelée à la rescousse à Philadephie pour aider à résoudre une affaire de disparition mystérieuse, elle doit alors faire équipe avec un détective qui n'est autre que son père, avec lequel elle n'a plus de relation depuis 15 ans. Leurs chemins se sont séparés lorsque la jeune soeur d'Agatha a disparu pour ne jamais être retrouvée. Aujourd'hui, le père et la fille ont suffisamment de preuves et d'indices pour réouvrir l'enquête...

 Avec Bojana Novakovic (Satisfaction, Rake), Clancy Brown (Les Evadés, Starship Troopers, Sleepy Hollow), Erik Palladino (Urgences, Over There, 666 Park Avenue), Daniel Henney (Hawaii 5-0, Three Rivers), Aaron Ashmore (Smallville, Warehouse 13), Meta Golding (Esprits Criminels, Hunger Games, The Tomorrow People), Christian Keyes (Let's Stay Together), Jee Young Han...

 

   Clairement, ABC regrette amèrement d'avoir annulé Body Of Proof à l'issue de la troisième saison. Ce n'est pas pour rien qu'il a été envisagé un temps de relancer la série. Au cours d'une saison tout à fait catastrophique pour la chaîne, ses scores, s'ils n'avaient pas baissé, auraient été un petit motif de satisfaction. Le pilote d'Agatha a clairement été pris non pas pour sa qualité, qui laisse à désirer, mais pour sa capacité à être une digne remplaçante de Body Of Proof, qui n'était elle-même pas un chef d'euvre. Mais l'atout de la série médico-policière, c'était indéniablement Dana Delany qui sortait à l'époque de Desperate Housewives et d'un guest remarqué dans Castle. Agatha est, elle, incarnée par un visage inconnu du public américain, au milieu d'une distribution de seconds coûteaux (loin de moi l'idée de réduire le talent de Clancy Brown, mais bon... ce n'est pas un nom qui attire). ABC a réussi à rassembler de beaux castings cette saison des pilotes, celui d'Agatha est l'un des moins attractifs. Normal, c'est l'un des moins bons aussi !

   On peut trouver à Agatha McAullife des faux airs de Megan Hunt : elles n'ont pas tout à fait le même âge, mais la même classe -madame voyage avec un sac Vuitton, et le scénariste le précise à plusieurs reprises, comme si c'était d'une importance capitale- et peu ou prou la même personnalité : brillantes, battantes, autoritaires... et gentiment torturées. L'héroîne de BOP n'avait pas fait de prison, mais elle avait elle avait commis une grave erreur qui avait coûté la vie à un patient et elle en ressentait encore la culpabilité chaque jour, sans compter l'échec de son mariage et les répercussions sur sa fille. C'est encore plus compliqué pour Agatha : elle se sent responsable de la disparition de sa soeur et elle regrette d'avoir viré délinquante (des vols notamment). Une source de honte même si elle a choisi d'être franche et ne cacher son passé à personne. L'aspect familial de la série est d'une banalité affligeante. C'est du téléfilm de début d'après-midi. Les rapports entre le père et sa fille évoluent évidemment au cours du pilote. Ils se disent ce qu'ils ont chacun sur le coeur et au bout du compte, ils sont plus ou moins réconciliés. Il y a le frère d'Agatha au milieu (gay qui ne s'assume pas) qui joue l'arbitre et tout ce petit monde va désormais vivre sous le même toit puisque l'héroïne déménage évidemment à Philadelphie pour rester auprès des siens (BOP se déroulait dans cette même ville). Le fil rouge de la série sur la soeur a de l'importance mais il ne présage de rien de bon, et de surtout rien que l'on n'a pas déjà vu 1000 fois. L'enquête du jour est elle aussi assez affligeante dans son dénouement. Agatha, telle Megan Hunt, est à l'affût du moindre détail, plus comportementaliste que criminologue au final, très Mentalist quoi. C'est tout à fait barbant... et en même temps quand on voit que Unforgettable plaît -surtout en France à vrai dire- je comprends qu'ABC puisse se dire "Et pourquoi pas ?". Mais moi, je n'y crois pas. 

   Agatha a tout de la série policière classique, rangée, ennuyeuse, des élements procéduraux aux parties plus centrées sur les personnages, notamment le fil rouge qui est censé nous tenir en haleine plusieurs années, dans le meilleur des cas. Une proposition sans grand intérêt en somme. Je ne serais guère surpris qu'elle soit choisie cependant...

27 avril 2014

Damaged Goods [Pilot Script]

20443686

DAMAGED GOODS

Comédie (Single-Camera) // 22 minutes

44030376-bis

Ecrit et produit par Lauren Iungerich (Awkward.). Réalisé par Declan Lowney (Moone Boy, Father Ted, Little Britain). Pour ABC & Warner Bros. Television. 

Avocate brillante, Nicole est promue partenaire de son cabinet, au grand dam de son fiancé qui pensait que le poste était pour lui. Humilié, il la quitte, laissant la jeune femme estomaquée face à la réalité de cette ère post-féminisme pleine de possibilités mais terriblement cruelle. En compagnie de ses amis les plus proches, qui trimballent eux-mêmes leurs casseroles en amour, elle est bien décidée à "tout" avoir...

Avec Anna Camp (True Blood, The Hit Girls, La couleur des sentiments, The Good Wife), Justin Hartley (Smallville, Revenge), Ben Lawson (The Deep End, Neighbours), Steve Talley, Jennifer Aspen (GCB, Rodney, La Vie à Cinq), Kellee Stewart (My Boys, The Soul Man), Kyle Jones...

 

   Ceux qui connaissent et aiment Awkward., la petite comédie de MTV, savent qu'elle est unique en son genre, capable de mixer des éléments burlesques et loufoques à des réflexions plus profondes sur l'adolescence, le tout avec aisance, humour et légèreté. Même si la série a récemment montré ses limites, elle n'en reste pas moins rafraîchissante. Et tout cela, on le doit grandement à sa créatrice, Lauren Iungerich, qui est arrivée de nulle part et est devenue en l'espace de trois ans quelqu'un qui compte pour la télévision. Warner Bros. a signé avec un elle un contrat de développement exclusif et MTV a tenté à deux reprises de lancer une nouvelle série de son cru, sans y parvenir. Dumb Girls puis Hot Mess ne sont pas allées plus loin que le pilote. C'est finalement sur ABC que pourrait naître sa deuxième série, la plus adulte Damaged Goods

   La première particularité de Damaged Goods, c'est qu'elle est très très écrite. Ainsi, sa qualité première réside non pas dans ses situations, ses personnages ou ses éventuels gimmicks, mais dans ses dialogues. Il y a là quelques jolis trésors d'humour et d'inventivité qui compensent un certain manque d'originalité dans les bases posées. La toute première séquence est un flashback très court où Nicole ado sort déprimée de son bal de promo parce que les garçons ne s'intéressent pas à elle. Elle n'est pas assez jolie et trop intelligente pour eux. "They all find me annoying because I’m an intellectual. Sometimes, I just want to be objectified. Like Amy Olson (off his confusion). She has good bangs." A son père alors de la rassurer en lui disant qu'en vieillissant la roue tournera. Elle ne sera pas forcément plus jolie mais elle triomphera auprès des hommes grâce à son intelligence. 15 ans plus tard, les derniers événements de sa vie amoureuse prouvent tout le contraire... La scène suivante est celle où elle obtient la promotion "à la place de" Tim, son mec. Et les dialogues qui précédent et qui suivent ce moment fatidique sont excellents, très énergiques. Une énergie constante pendant tout le pilote, que j'imagine la réalisation ne fera qu'accentuer. C'est une des marques de fabrique d'Awkward d'ailleurs. Rapidement, les plaintes de l'héroïne deviennent cependant un peu lourdes. Pas parce qu'elles sont débiles ou injustifiées, mais parce qu'on les connaît par coeur. Damaged Goods a toutefois le mérite de soulever de vraies questions sur de vrais problèmes que notre génération rencontre, et d'offrir une véritable réflexion au-delà des délires. La conclusion du pilote est d'ailleurs très féministe et fait beaucoup penser à la fin de la saison 3 d'Awkward

   Comme dans Awkward, certains personnages sont "larger than life", ils ne sont pas réels donc difficilement attachants, ils en font des tonnes en ayant des réactions démesurées, frôlant parfois l'hystérie, mais c'est apparemment le prix à payer pour obtenir quelque chose de vraiment drôle. Les potes qui entourent Nicole sont donc très peu développés à ce stade, suffisamment pour que l'on cerne, en gros, leurs problèmes à eux, mais il a été clairement décidé que le focus dans ce pilote c'était elle et que les autres trouveraient leur place et leurs intrigues dans un deuxième temps, en cas de commande. Et ça me va. C'est toujours mieux que de vouloir caser une tonne d'informations sur 6 personnages différentes en 22 minutes. Concernant le ton même de la série, je dois dire que j'ai été surpris par certaines blagues. Par exemple, une copine de Nicole avoue qu'elle a dit à tout le monde que Tom et elle aimaient se mettre des petites fessées. Jusque là... Mais agacée par les réactions outrées de ses camarades, elle déclaire "Did I cross a line? Cuz I’m just trying to keep things light. I mean, it's not like you fisted her!" Oui, quand même. Et il y a aussi une histoire de capotes et de MST croquignolette plus attendue dans Girls sur HBO que dans n'importe quelle série d'ABC ! Je crains que ce ne soit un problème au moment où il faudra décider de la commander ou non...

   Damaged Goods est une comédie fraîche et énergique ultra-générationnelle, une sorte de grande soeur d'Awkward, qui aurait davantage sa place sur une chaîne du câble que sur ABC afin de s'exprimer avec le plus de liberté possible. Je vois mal comment elle pourrait séduire le public large que la chaîne recherche. A la manière d'un Happy Endings ou un Super Fun Night, dans des styles tout de même différents, elle est condamnée à l'échec car elle s'adresse à une cible limitée correspondant aux 18-34 ans...

26 avril 2014

Love Is Relative [Pilot Script]

20443688 (1)

LOVE IS RELATIVE

Comédie (Multi-Camera) // 22 minutes

 44030377

Ecrit, produit et réalisé par Dan Mazer (Borat, Brüno, The Dictator, Ali G, Mariage à l'anglaise). Pour CBS, 20th Century FOX Television, 3 Arts Entertainment & Good Humor Television. 40 pages. 

Nate et Rose voient leur petit train-train quotidien transformé lorsque Josh, le frère de la jeune femme, s'intalle chez eux après une rupture douloureuse. Ils vont alors voir leur mariage sous une toute nouvelle perspective... 

Avec Leslie Bibb (Popular, Urgences, GCB, About A Boy, Iron Man), Jason Jones (Queer As Folk US, The Hit Girls), Barry Rothbart, Utkarsh Ambdukar (The Mindy Project, The Hit Girls)...

 

   Non, ce pitch ne fait pas du tout envie. On en a des comme ça tous les ans, une dizaine. Et ça donne au bout du compte des How To Live With Your Parents... et compagnie, sympathiques avec un peu de chance mais vraiment pas brillants. Le cas de Love is relative est complètement différent : le scénariste Dan Mazer part d'une histoire basique pour en faire quelque chose de flamboyant. Brillant, je n'irai pas jusque là. Tout dépend de votre type d'humour en fait, si vous en avez un. Mais il suffit de regarder la liste des films dont il a écrit le scénario pour vous faire une petite idée... Borat, The Dictator & co sont très spéciaux. Potaches n'est pas un mot assez fort pour les décrire. Ils vont loin dans le délire. Ils osent tout. Pour moi, c'est trop. 2h de Sacha Baron Cohen, je ne peux pas. Mais 20 minutes sans Sacha Baron Cohen, en revanche, ça passe étonnamment ben ! 

   Love is relative est en fait le genre de comédie que l'on ne voit qu'au cinéma, pas à la télévision. Du moins pas sur un network. Parce qu'il y a des régles de bienséance à respecter. Parce qu'on ne peut pas tout dire et tout montrer. Mais c'est en même temps complètement débile. Ces mêmes films passent un jour ou l'autre à la télévision. Oui mais sur le câble. Alors disons que c'est une comédie qui a une histoire networkienne à souhait mais un traitement câblé à mort ! Si NBC ose la commander, elle risque de fortement diviser les critiques et s'en prendre plein la tronche. Vous voyez ce qui s'est passé -à juste titre- pour Dads ? Ce ne sera rien à côté de ça. Rien ! Love is relative n'est pas raciste, ni offensante, mais elle vulgaire. Le genre de vulgarité qui vous crispe si vous n'êtes pas dans le bon état d'esprit. Le genre de vulgarité qui vous fait rire avec culpabilité. Les blagues de cul de 2 Broke Girls à côté, c'est du pipi de chatte. Love is relative ne fonctionne pas sur le sous-entendu, elle fonce tête baissée droit dans le sujet. Vous pourrez donc admirer une belle érection sous les draps, un dialogue surréaliste sur les poils pubiens de l'héroïne, des discussions autour du caca des bébés qui se loge sous leur prépuce (?!), une partie de sexe bestiale dans la chambre d'une petite fille, des héros qui en simulent une autre pour faire pester le petit frère... et un passage qui m'a fait crever de rire : au début du pilote, lorsque Josh surprend sa femme en train de se faire prendre sur la table de la cuisine, le monsieur qui l'honore continue malgré tout, puis finit par s'arrêter à la demande de Josh, avant de subtilement reprendre l'ébat avec des mouvements de bassin légers mais affirmés, s'arrête à nouveau avant que Josh n'explose, puis se retire, referme sa robe de chambre, pour mieux se tripoter en dessous... ! Voilà ce à quoi vous devez vous attendre en regardant Love is relative. Love it or hate it! 

   Love is relative, clairement, on aime ou on déteste. Soit NBC la commande telle quelle et là je dis bravo pour l'audace. Soit elle l'édulcore et la série perd alors tout son intérêt. La chaîne a suffisamment de bons pilotes de comédies pour ne pas forcément la sélectionner elle, mais je serais vraiment curieux de voir ce qu'elle peut donner de façon hebdomadaire et quelles réactions sa diffusion va entraîner... 

Publicité
Publicité
25 avril 2014

Wall Street [Pilot Script]

20443690 (1)

UNTITLED WALL STREET DRAMA

Drama // 42 minutes

44030376-bis

Ecrit par Benjamin Cavell (Justified) & Taylor Elmore (Justified, Cold Case). Réalisé par Niels Arden Oplev (Millénium, Under The Dome). Produit par John Cusack. Pour CBS, CBS Television Studios & Timberman-Beverly Productions. 

Jackson Holliday, trader, et Jamie Meadows, avocate, travaillent au sein de la firme Capital Management, au coeur de Wall Street. Alors qu'ils entament une relation amoureuse dangereuse, ils sont l'un comme l'autre sur le point d'être promus et se retrouvent malgré eux embarqués dans une affaire de coruption qui va faire grand bruit...  

Avec Charlie Cox (Boardwalk Empire, Stardust), Maggie Grace (Lost, Taken, Californication), David Morse (La ligne verte, Treme, John Adams), Sophie Okonedo (The Slap, Hotel Rwanda, After Earth), Jodi Lynn O'Keefe (Prison Break, Nash Bridges), A.J. Buckey (Les Experts: Manhattan, Justified), Joseph Lyle Taylor (Justified) et la participation de John Cusack.

 

   "Une exploration du monde de la finance à Wall Street, du pouvoir et de l'argent..." Voici le pitch officiel de CBS quant à ce pilote sans titre. Je déteste qu'un pilote n'ait pas de titre. Comme si les scénaristes n'étaient pas allés jusqu'au bout de leur travail. Je trouve ça quand même assez révélateur de ne pas trouver de titre ET de proposer un pitch simplifié à l'extrême tant il est compliqué de résumer l'histoire en trois lignes. Pourtant j'ai réussi à vous en proposer un un peu plus détaillé, sans me casser la tête pendant des heures. Bref, ce que je veux dire c'est que Wall Street -on va l'appeler comme ça pour simplifier- est un projet complexe, aride, très très CSP+ par essence, qui n'a pas tellement sa place sur CBS. En cas de commande, je ne vois pas bien ce que la chaîne peut en faire. Clairement, sans le succès du Loup de Wall Street et le nom de John Cusack à la production (et au casting dans un "petit" rôle par son temps d'antenne mais "grand" par son importance), jamais CBS n'aurait commandé un pilote ! D'un autre côté, ce n'est pas assez bon pour être du Showtime. Je m'attendais à quelque chose de bien plus solide. Au final, je me suis un peu ennuyé une fois les deux premiers actes passés.

   Le premier acte est vraiment bon car il présente très efficacement la plupart des personnages principaux, au cours d'une soirée sur le toit du building de la firme. C'est classe, fluide, amusant grâce à des dialogues piquants, on ne sent pas mis de côté même quand les traders parlent de choses pour nous relativement opaques. Mais ça ne va malheureusement pas durer. Nos deux héros, Jackson et Jamie, nous offrent en plus une romance sur un plateau. Leur rapprochement manque sans doute de naturel, d'autant qu'ils sont déjà censés se connaître un peu, mais il fonctionne bien. Et là, surprise, une grosse détonation retentit, les lumières s'éteignent, les réseaux Wifi ne marchent plus, les lignes téléphoniques sont coupées... Une attaque terroriste ? Un nouveau 9/11 ? La panique s'empare de la foule et nos deux héros en profitent pour s'enfuir... et finalement baiser chez monsieur. Oh, ils sont inquiets bien sûr, mais visiblement New York n'est pas en train de disparaître de la carte donc autant s'amuser tant il est encore temps... Moi, j'étais quand même un peu plus inquiet qu'eux, et excité aussi. Que s'est-il passé ? La réponse arrive très rapidement dans le deuxième acte : une explosion dans les profondeurs de la ville a conduit à l'effrondrement de tunnels d'eau. En gros. La réparation va être longue et les habitants n'ont plus d'eau courante jusqu'à nouvel ordre, mais à part ça : tout va bien dans le meilleur monde. Arf. C'est tout de suite moins excitant. Mais il s'avère que si tout cela n'est pas d'origine terroriste, ça a tout de même un lien avec nos amis traders et surtout leur grand patron, le big bad pourri jusqu'à l'os malgré ses airs sympathiques. Et à partir de là... ben on comprend plus grand chose.

    Dans les trois actes suivants, les protagonistes se multiplient, ils sont de moins en moins bien présentés, mais par choix. Ils sont tous un peu louches, ils ont des hidden agenda, et leur rôle dans toute cette affaire est très floue. De quels côtés sont-ils ? Quels sont leurs intérêts ? C'est bien, il n'y a pas les méchants d'un côté et les gentils de l'autre, surtout qu'il s'avère que Jackson est depuis le début sous couverture à Capital Management ! Mais plus on avance, plus ça se complique, plus on est largué, plus on s'ennuie et moins on a envie de comprendre ! Ce n'est pas totalement opaque, il reste des éléments auxquels se raccrocher et les héros restent intéressants, intrigants même, mais il manque un souffle épique disons. Pour qu'on ait envie de se laisser embarquer au-delà du pilote, il faudrait pouvoir s'impliquer émotionnellement. Or, tout est très froid, implacable, et ça ne rigole plus beaucoup. Là, asurrément, quelques connaissances sur Wall Street et son fonctionnement sont nécessaires. Moi qui n'ai même pas les bases -jamais rien compris à la Bourse pour la faire courte- je me suis senti mis de côté. On n'essaye pas de m'expliquer. Ca manque de pédagogie. Il en faut un minimum, surtout sur un pilote. Il y a un mort vers la fin. Forcément. Pour bien nous montrer que tout ça c'est pas de la rigolade ! Et ça fait indéniablement son petit effet.

    Wall Street n'est pas une série que j'ai envie de regarder. L'univers qu'elle décrit ne m'intéresse pas et sa façon de m'y introduire ne m'a pas convaincu. J'ai parfaitement conscience que c'est très personnel comme sentiment et que certains d'entre vous y trouveront certainement leur compte. Mais je ne vois pas cette série être un succès, ni tenir sur le long terme. CBS a bien des pilotes plus efficaces et grand public pour s'encombrer avec celui-ci, à moins d'en faire une mini-série...

24 avril 2014

Saint Francis [Pilot Script]

 

20443686

SAINT FRANCIS 

Comédie (Multi-camera) // 22 minutes

 44030376

Ecrit et produit par Christopher Moynihan (Man Up!, 100 questions). Réalisé par James Burrows (Friends, Will & Grace, Cheers, Frasier, 2 Broke Girls). Pour ABC, ABC Studios & Tagline Television. 55 pages.

Francis Quinlan, flic et père de famille à Long Island, est aussi vieux jeu que sa soeur de 29 ans, Heather, est moderne. Ils passent leur temps à se chamailler et lorsqu'elle annonce qu'elle est enceinte alors qu'elle n'est pas mariée, Francis voit rouge, rien ne va plus ! Et ce n'est pas leur frère, Tommy, un fainéant invétéré, ni leur mère, Janice, une bigote autoritaire, qui risquent d'arranger les choses...

Avec Michael Imperioli (Les Soprano, Les Affranchis, Detroit 1-8-7), Paget Brewster (Esprits Criminels), Spencer Grammer (Greek), Henry Simmons (Man Up!, New York Police Blues, Ravenswood), Sharon Gless (Queer As Folk US, Cagney & Lacey, Burn Notice), Mary Mouser (Body Of Proof), Jeremy Luke (Mob City)...

 

   Après avoir abandonné un peu n'importe comment Malibu Country et après avoir associé l'excellente The Neighbors à la ringarde mais glorieuse Last Man Standing, ABC est à la recherche de la sitcom multi-camera parfaite pour accompagner Tim Allen le vendredi soir. Je vous ai déjà parlé de The Winklers, une sérieuse concurrente bien sympathique, et voici une autre option -il y en a trois- imaginée par un monsieur qui a déjà deux flops successifs à son actif. Comme dans l'un d'entre eux, Man Up!, il est en partie question de virilité en danger, de l'homme d'hier, rustre, versus non pas l'homme d'aujourd'hui, mais la femme d'aujourd'hui, indépendante et fière de l'être. Un frère et une soeur très différents qui doivent composer, bon gré mal gré, avec leurs sautes d'humeur respectives et leurs deux conceptions opposées de la vie. Ma foi, tout ça n'est ni très excitant, ni très moderne.

   Même si l'idée est clairement de faire évoluer le héros vers une plus grande ouverture d'esprit, il passe la quasi-totalité du pilote à grogner sur tout le monde et distiller ses idées conservatrices bien déprimantes. Cela dit, c'est aussi ce qui se passe dans Last Man Standing. Saint Francis a parfaitement ses chances de plaire à ces téléspectateurs-là et c'est le but. Moi ça me fait toujours un pincement au coeur, surtout venant de la part d'ABC qui est très ouverte et qui fait évoluer à sa manière les mentalités avec des séries aux castings diversifiés et contenant des personnages homosexuels de premier plan et pas clichés (la plupart du temps). Ce que j'aurais adoré par exemple, c'est que la soeur soit lesbienne (comme son autre frère le soupçonne et le répète à longueur de temps, comme si ça ne pouvait qu'être une bonne blague et surtout pas la réalité). Mais non. Et bien qu'elle prétende être célibataire et avoir été inséminée artificiellement -ce qui aurait été un peu osé- la vérité dévoilée en guise de cliffhanger est tout autre : elle est en fait secrètement en couple avec le meilleur ami de son frère et c'est apparemment un problème. Bon, certes, il est noir, mais je ne crois pas qu'ils iront jusqu'à expliquer que le souci vient de là. Quoique tout est possible après tout... Bref, Saint Francis véhicule, qu'elle le veuille ou non, des idées d'un autre âge qui ne mériteraient pas d'être mise en avant de la sorte. Et je m'en fiche un peu qu'au bout de 5 saisons, le héros évolue enfin et ne soit plus si conservateur que ça... 

    En s'éloignant de cet aspect très repoussant -et je ne vous ai même pas parlé du tâcle envoyé discrétos à Obama- il faut  reconnaître que les vannes fonctionnent bien, que Francis fait preuve de beaucoup d'humour, que Sharon Gless, dans le rôle de la mère/grand-mère, a tout ce qu'il faut pour être hilarante, être LE personnage dont on attend chacune des répliques, que Heather est forcément attachante puisqu'elle est un peu la seule représentante de la modernité, que la femme de Francis, Stephanie, est amusante même si elle a le cul entre deux chaises, coincée entre son désir de défendre les positions de sa belle-soeur et rester la gentille femme de son mari qui ne le contredit jamais trop longtemps et qui n'oublie pas de lui préparer de bons petits plats quand il rentre du boulot... oui, je n'arrive jamais à être totalement positif même sur ce qui devrait l'être car le fond de ce pilote me dérange. 

   Saint Francis plaira forcément à une frange très conservatrice de la population américaine si elle est commandée, ce qui en fait de facto la parfaite compagne pour Last Man Standing le vendredi soir. Et ça me fait un peu mal de le dire. Et ça me fera mal qu'elle soit commandée aussi. Mais on va dire qu'il y a pire. Qu'il ne faut pas trop prendre au sérieux une sitcom de ce genre. Que tout ça n'est pas bien grave... Mais quand même !!!

23 avril 2014

Dangerous Liaisons [Pilot Script]

20443686

DANGEROUS LIAISONS

Drama // 42 minutes

44030376-bis

Ecrit et produit par Richard LaGravenese (P.S.: I love You, Sur la route de Madison, L'homme qui murmurait à l'oreille des chevaux, Ma vie avec Liberace). Réalisé par Taylor Hackford (L'échange, Ray, L'associé du Diable, Dolores Claiborne). Librement adapté des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos. Pour ABC Studios. 59 pages.

Philip Fitzgerald Julien et Margot Worth Cole, deux inséparables amis, anciens amants, obsédés par le pouvoir, la luxure et l'argent, maîtrisent l'art de la manipulation à la perfection. Après l'avoir exercé l'un sans l'autre pendant de trop longues années, ces deux figures de l'élite new-yorkaise unissent leurs forces à nouveau afin de séduire puis détruire ceux qui ne trouvent pas ou plus grâce à leurs yeux, pour la beauté du geste et l'amour du jeu...

Avec Rufus Sewell (Eleventh Hour, Les Piliers de la Terre), Melissa George (Alias, En Analyse, The Slap US, Hunted, Mullholland Drive), Katie Holmes (Dawson, Les Kennedy, Phone Game, Batman Begins), Oded Fehr (La Momie, Resident Evil, Sleeper Cell), Britne Olford (Skins US, Ravenswood, American Horror Story), Elliott Knight (Sinbad), Daphne Rubin Vega (Smash), Kelly Bishop (Gilmore Girls, Bunheads), Michael Gill (House Of Cards)...

 

   Entre John Ridley (American Crime), Charles Randolph (Exposed) et Richard LaGravanese (Dangerous Liaisons), ABC a fait confiance cette année à des grands noms du cinéma pour renaître de ses cendres. Sans vouloir être oiseau de mauvais augure, je ne suis pas certain que ce soit la meilleure solution. Il faut avouer qu'ils ont tous fait des propositions intéressantes, exigeantes et ambitieuses, mais qui ne seront pas forcément couronnées de succès. Là où How To Get Away With Murder, Sea Of Fire ou Forever parviennent à être de qualité tout en restant très accessibles, Dangerous Liaisons, comme American Crime et Exposed, a été pensée comme une série du câble, mais découpée comme une série de network. Ce qui donne un résultat... bâtard, ni adapté à l'un ni adapté à l'autre.

   Le pilote de Dangerous Liaisons m'a fait le même effet que les 40 premières minutes d'un film trop long. Il avance lentement, très peu bavard dans un premier temps mais contemplatif. Ce qui ne me dérange nullement au cinéma, ou avec une série de HBO. Un peu plus quand il s'agit d'ABC. Parce que la chaîne ne peut tout simplement pas se le permettre. Les gens s'ennuient vite et zappent plus vite que leur ombre. C'est triste mais c'est ainsi. Richard LaGravanese installe les deux héros dans un univers luxueux, glacé, glaçant... sexy. Oui mais dans les limites offertes par ABC. Forcément. Et quand on s'attaque aux Liaisons Dangereuses, on a envie que ça transpire, que ça suinte et que ça saigne... tout en subtilité bien sûr. Mais ici, faute de pouvoir aller plus loin, on reste aux sous-entendus, aux regards appuyés, aux joues qui rougissent. On est dans la retenue, ce qui renforce l'aspect très froid que le pilote dégage. Ca changera peut-être par la suite. Disons que ce pilote se place avant même les préléminaires. Tout commence avec Philip Julien, dans une suite de l'hôtel qui lui appartient. Il parle à une jeune femme, allongée sur le lit. On ne distingue pas son visage. Jusqu'à ce que l'on découvre... qu'elle est morte. Mais Philip ne l'a pas tuée. C'eut été plus fun. De son côté, Margot Cole s'ennuie à mourir dans un dîner mondain qu'elle a organisé. Elle rêve que les convives s'entretuent, dans un fantasme graphique où ils s'attaquent avec leurs coûteaux et leurs fourchettes. Ca c'est fun. Puis elle décide de tromper l'ennui en invitant le jeune et beau serveur dans la cave, pour qu'il goûte son nectar. C'est encore plus fun. Et maintenant que les présentations sont faites, les choses sérieuses peuvent commencer. Enfin pas tout à fait. 

   Les rebondissements de ce pilote arrivent tardivement, ils ne précédent pas chaque page publicitaire. Ce qui, là encore, est tout de même problèmatique si l'on fait fi de toute considération artistique. Ne vous méprenez pas : je suis content que ce pilote ose sortir des sentiers battus pour proposer un autre rythme, une autre vision du premier épisode de série, mais il ressemble à s'y méprendre à une longue introduction qui ne décolle jamais vraiment. Se contenter de présenter les personnages, certes avec soin, et d'annoncer la problèmatique ne suffit pas. Il y a par exemple un dialogue délectable entre Philip et Margot qui s'étend sur quatre pages. Une anomalie sur un network ! Je ne doute pas que Rufus Sewell et Melissa George sauront lui rendre justice, mais le public sera-t-il en mesure de le recevoir comme il mérite de l'être ? J'en suis moins sûr. De même, il faut attendre la 37ème page du script, la 37ème bon sang, pour que le personnage interprété par Katie Holmes, Ann Walker, entre en jeu. On a à peine le temps de mesurer son importance qu'il a déjà disparu. Ceux qui, comme moi, attendent avec impatience le retour de l'actrice à la télévision risquent d'être déçus. Bien sûr, tout porte à croire qu'elle aura un rôle capital à jouer dans les épisodes suivants, mais en attendant et encore une fois, c'est la frustration qui domine. Les deux derniers actes sont toutefois plus riches et enthousiasmants que les précédents car nos nouveaux Valmont et Merteuil ne se contentent plus de théoriser sur leur pacte et d'étudier leurs futures victimes, ils mettent en place les premières étapes de leur plan, lequel est, comme espéré : tordu, immonde et obscène. On retrouve alors tout ce que l'on connaît des Liaisons Dangereuses, le roman épistolaire mythique, à commencer par la séduction de la vierge effarouchée. 

   Cette libre adaptation des Liaisons Dangereuses de Choderlos de Laclos est fidèle à l'oeuvre originelle, respectant son esprit malgré la transposition à notre époque. Bien plus en tout cas qu'un Revenge et le Comte de Monte Cristo. Elle m'a plu sans m'éblouir, elle m'a frustré plus qu'elle n'aurait dû, elle m'a rendu impatient de découvrir sa mise en image et la prestation des acteurs dans ces rôles exigeants, elle m'a questionné sur sa place sur ABC mais a fini par me séduire, indéniablement. J'espère que la chaîne se laissera tenter par Dangerous Liaisons car, au fond, il n'y a pas meilleur point de départ pour un soap que celui-ci...

22 avril 2014

Cuz-Bros [Pilot Script]

20443690 (1)

 CUZ-BROS

Comédie (multi-camera) // 22 minutes 

44030376

Ecrit et produit par Erik Sommers (Community, American Dad!) & David Caspe (Happy Endings, Marry Me). Réalisé par Pamela Fryman (How I Met Your Mother, Frasier). Pour CBS, CBS Television Studios, Sony Pictures Television & FanFare Productions. 49 pages.

Nick, la trentaine, animateur sportif populaire d'une chaîne locale de Los Angeles, collectionne les conquêtes et trouve sa vie parfaite comme elle est. Lorsque son cousin Barry, un simple d'esprit au coeur tendre, débarque de sa Floride natale, il n'a pas d'autre choix que de l'accueillir chez lui. La cohabitation devient très rapidement compliquée et tout porte à croire que Barry n'est pas près de partir...

Avec Geoff Stults (7 à la maison, October Road, The Finder, Enlisted), Parker Young (Suburgatory, Enlisted), Andrea Anders (Joey, The Class, Better Off Ted), Debra Jo Rupp (That '70s Show, Friends, Better With You), Ian Gomez (Cougar Town, Felicity)...

 

   Rien qu'en lisant le pitch de Cuz-Bros, on s'ennuie. Parce qu'on a l'impression d'avoir déjà vu ça un million de fois. Ce n'est d'ailleurs pas une impression. Clairement, les créateurs de cette sitcom ne se sont pas foulés pour trouver une idée. L'un d'entre eux n'est autre que David Caspe, le créateur d'Happy Endings, également à la tête du pilote Marry Me pour NBC (qui ne fait pas non plus preuve d'une grande originalité). Mais à bien y regarder, l'histoire de départ de Happy Endings n'était pas non plus très neuve. Cela a quand même donné une super série, partie trop vite. Et puis de toute façon, on le sait, les pitchs les plus originaux ne font pas forcément les meilleures séries, et c'est particulièrement vrai pour les sitcoms. On donne souvent l'exemple de Friends. C'est le meilleur qui puisse exister. Malgré tout, c'est le principal problème que j'ai rencontré à la lecture du pilote de Cuz-Bros. Ce sentiment que tout est extrêmement prévisible du début à la fin. Et c'est dommage, parce que c'est plutôt marrant.

   Nick, incarné par le beau gosse Geoff Stults, n'est pas le genre de personnage que j'aime en général. Les mecs super beaux et méga prétentieux, évidemment homme à femmes, ça me gonfle. Sauf quand c'est Barney Stinson, parce qu'avec son excentricité il a justement su réinventer ce stéréotype cher à la comédie. Ou Joey Tribiani, parce qu'il n'était pas si beau que ça mais il y croyait tellement fort que ça le rendait somewhat charmant. Et en plus il était stupide, donc amusant à ses dépens. Je grossis les traits, hein. Bref, Nick EST le stéréotype et rien ne parvient à le sauver, pas même sa prise de conscience en fin de pilote. Barry est disons... moins agaçant parce qu'il a de facto le bon rôle. Il fait n'importe quoi, mais ses actions, même les plus stupides, partent toujours d'un bon sentiment. Quand il fait une bêtise, on a envie de le cajoler. Et encore plus quand on sait qu'il est joué par Parker Young. Qui a vu Suburgatory ou Enlisted sait de quoi je parle. D'ailleurs, de reformer une partie du trio d'Enlisted (même pas encore officiellement morte) dans ce pilote est une excellente idée ! La FOX a bien merdé sur ce coup et CBS a bien raison d'en profiter ! Tout ça pour dire que le duo va marcher parce qu'il y aura suffisamment de complicité entre les acteurs pour que l'on y croit.

    Mais le pilote avance inexorablement comme on pouvait s'y attendre, avec quelques bonnes répliques, quelques situations amusantes, le tout dans un format multi-cam écrit comme si c'était une single-cam, ce qui est étrange. Les personnages secondaires ne brillent pas particulièrement : je m'attendais à ce que la maman de Nick soit hilarante, surtout quand on choisit Debra Jo Rupp pour l'interpréter, mais non, elle n'a rien de spécial. L'actrice saura la rendre spéciale, c'est ce qui est rassurant. Puis les collègues de Nick sont... oh ils ont un peu d'humour, ils sont cyniques, mais rien de formidable à se mettre sous la dent. Stacey, la co-animatrice de Nick, est aussi son intérêt amoureux. Celle qu'il va passer toute la saison à essayer d'avoir parce que c'est en fait la seule qui lui résiste. C'est aussi super classique ça. Boring. Alors il est vrai que la fin est plutôt sweet, lorsque les deux cousins se remémorent leurs souvenirs de jeunesse et se découvrent au moins un point commun : l'un a perdu son père, l'autre sa mère. C'est mignon. 

   Cuz-Bros est un pilote moyen, partiellement amusant mais vraiment trop simpliste et classique pour mériter une commande. De plus, son concurrent direct est le The Odd Couple de Matthew Perry puisque les deux thèmes sont similaires. Et ce dernier a l'avantage, en plus de sa star, d'être plus efficace et d'avoir des personnages féminins qui existent vraiment. 

21 avril 2014

iZombie [Pilot Script]

20443695

iZOMBIE

Drama // 42 minutes

44030376-bis

Ecrit, produit et réalisé par Rob Thomas (Veronica Mars, Party Down, 90210). Co-écrit par Diane Ruggiero (Veronica Mars, Bates Motel). D'après les comics de Michael Allred & Chris Robertson. Pour The CW, Warner Bros. Television, DC Comics & Rob Thomas Productions. 62 pages.

Olivia Moore, surnommée Liv, une étudiante transformée en zombie lors d'une soirée qui a très mal tourné, travaille en tant que médecin légiste afin de pouvoir profiter du festin que représentent pour elle les cervelles des défunts. A chaque bouchée, elle hérite des souvenirs de la personne. Cherchant désespérément un sens à sa vie, elle se rend compte qu'avec l'aide du détective Clive Babinaux, elle peut résoudre les affaires de meurtres et calmer ainsi les voix qui la tourmentent dans sa tête...

Avec Rose McIver (Once Upon A Time, Masters Of Sex, Power Rangers RPM), Malcolm Goodwin (Breakout Kings), Rahul Kohli, Robert Buckley (Les Frères Scott, 666 Park Avenue, Lipstick Jungle), David Anders (Alias, Heroes, Vampire Diaries, Once Upon A Time), Alexandra Krosney (Last Man Standing), Nora Dunn (Saturday Night Live, Entourage)...

 

   En 2011, la CW, sous son ancienne présidence, avait tourné un pilote intitulé Awakening, centré sur deux soeurs dont l'une était un zombie, à l'aube d'une révolte des morts-vivants. Lucy Griffiths et Titus Welliver figuraient au casting. Malgré le succès balbutiant de The Walking Dead, la chaîne n'avait pas commandé la série, lui préférant The Secret Circle et Hart Of Dixie. Trois ans plus tard, elle retente le coup avec une adaptation de iZombie, une franchise DC Comics, signée Rob Thomas, le papa de Veronica Mars, tout juste revenu en odeur de sainteté grâce à la résurrection "cinématographique" de sa série culte. En associant les ingrédients qui ont fait son succès avec la mode des zombies, le monsieur s'assure d'avoir un nouveau show à l'antenne à la rentrée. iZombie n'a pas soulevé en moi un enthousiasme énorme, mais je dois lui reconnaître une sacrée efficacité et du potentiel !

   Autant le dire tout de suite : ce qui m'a posé problème dans ce pilote, c'est son aspect procédural très très fort, qui était certes présent dans Veronica Mars, surtout au début -et cela me dérangeait déjà à l'époque- mais qui avait le mérite d'être souvent très léger, caustique, et qui ne concernait pas que des meurtres mais toutes sortes d'affaires de moeurs. Et tout cela se déroulait dans un univers ado, dans le microcosme que représentait la petite ville de Neptune, son lycée, ses riches habitants. Les enquêtes étaient du bricolage de détective en herbe. C'était fun à tous les niveaux ! Et puis le vernis craquait et plusieurs personnages très superficiels au premier abord se révélaient, apportant plus de profondeur et de drama. iZombie est d'emblée plus sombre et moins légère, placée dans un univers qui n'est pas du tout atypique : la ville pluvieuse de Seattle. Ses héros sont plein d'humour et ça c'est l'élément qui m'a le plus convaincu, mais elle n'en reste pas moins plus classique dans la forme ET dans le fond. Veronica Mars possédait qui plus est un fil rouge, plusieurs même si l'on élargit aux saisons suivantes, qui permettait de maintenir l'intérêt même quand les cas du jour nous passionnaient un peu moins. Ici, il y a un fil rouge qui se dessine à la toute fin d'épisode, en guise de cliffhanger, mais il n'est pas particulièrement excitant. En gros, l'héroïne découvre qu'elle n'est pas la seule zombie de Seattle. Ce dont on se serait évidemment tous douté ! Il y en a au moins un autre, décrit comme le big bad de la série, incarné par celui qui joue toujours les big bad dans les séries fantastiques : David Anders. Personnellement, ça ne me suffit pas à ce stade. Il va falloir grandement développer cette partie-là pour me faire rester plus de deux ou trois épisodes...

   Mais iZombie marque des points dès qu'il s'agit de son héroïne, attachante et cynique à souhait, des dynamiques entre tous les personnages, principaux ou secondaires, et ses dialogues très rythmiques, succulents, dont on ne peut que se délecter. On retrouve là sans conteste la plume affûtée de Rob Thomas, qui adore balancer à tout bout de champ des références à la pop culture, je pense notamment à Lady Gaga, puisque son vrai nom -Stefani Germanotta- est utilisé pour identifier la victime principale du pilote; ou Grey's Anatomy, dans ce passage que j'ai adoré : "Four years of pre-med. Four years of med school. Ten seasons of Grey’s Anatomy -- and yet I don’t know the answer to the most pressing biological question of my life. What’s safe sex for a zombie?". Il s'agit d'ailleurs d'une des nombreux phrases en voix-off prononcées par l'héroïne, un procédé que certains détestent, que moi j'adore la plupart du temps, et qui trouve ici tout son sens et apporte énormément au ton général de la série. Liv est hyper cynique, comme je le disais, sur son état, sur son futur, sur les gens qui l'entourent et qui ne la comprennent plus... et cela m'a fait irrémédiablement penser à la fascinante George de Dead Like Me. La phrase suivante, elle aurait pu tout à fait la prononcer : "When you die, life goes on without you. If you’re among the living dead, you get to watch.". De toute façon, Rob Thomas et Bryan Fuller ont le même type d'écriture, sauf que ce dernier est obsédé par la mort et l'horreur, alors que le créateur de iZombie est d'habitude plus "pop". Il faudrait qu'ils s'associent pour faire un truc un jour. Ce serait génial ! 

   Bref, iZombie fonctionne en grande partie grâce à son humour à toute épreuve. Le trio formé par Liv, son collègue Ravi et le détective Clive Babinaux marche du feu de Dieu car ils ont beaucoup de répondant et se renvoient la balle à la perfection. Mais la coloc' de Liv est amusante aussi; sa mère est odieuse mais drôle dans sa méchanceté; Major Lilywhite, son ex, est rigolo malgré lui tant il est le stéréotype du beau gosse qui n'a rien, mais absolument rien à dire. Quant au petit frère de Liv, Evan, il est peu présent mais on sent tout de suite qu'on pourrait s'attacher à lui facilement. Il a l'air profondément gentil et aimant. En début de pilote, Liv doit faire face à une "intervention" de la part de sa famille et de ses amis et c'est vraiment très amusant, en plus d'être un excellent moyen de tous les introduire en une seule et même scène. L'autre truc assez réussi mais du côté des enquêtes cette fois c'est les effets lorsque Liv se met, malgré elle, dans la peau des victimes. Si Rob Thomas, qui est aussi le réalisateur du pilote, parvient à aller au bout de ce qu'il a imaginé sur le papier, ça devrait rendre super bien. Après, le système de "visions" à la Medium et compagnie, je ne suis pas fan sur le principe... Enfin, vous devez tous vous demander comment sont traitées les scènes où Liv mange de la cervelle. Eh bien c'est très simple : étant donné qu'elle n'est pas fan du goût, elle la coupe en morceaux et plonge ceux-ci dans un bol de pâtes chinoises, avec beaucoup de tabasco. Yep, c'est ridicule... 

    iZombie n'aura pas de mal à trouver des amateurs, notamment une partie des anciens fans de Veronica Mars qui y verront un palliatif honnête, mais je ne parierais pas nécessairement sur un grand succès, même à l'échelle de la CW. Elle a beau fonctionner, amuser, il lui manque quelque chose, en tout cas au stade du pilote, pour totalement vous emporter...

20 avril 2014

A To Z [Pilot Script]

20443688 (1)

A TO Z

Comédie (Single-Camera) // 22 minutes

44030377

Ecrit par Ben Queen (Cars 2). Produit par Rashida Jones & Will McCormack. Pour NBC, Warner Bros. Television & Le Train Train Productions. 38 pages.

Andrew et Zelda vont sortir ensemble pendant huit mois, trois semaines, cinq jours et une heure. Ce programme de télévision, diffusé sur NBC, est le récit détaillé de leur histoire... de A à Z !

Avec Cristin Milioti (Once, How I Met Your Mother, Le Loup de Wall Street), Ben Feldman (Drop Dead Diva, Mad Men), Lenora Crichlow (Being Human UK, Back In The Game), Henry Zibrowski (Your pretty face is going to Hell), Christina Kirk (Girls) et la voix de Katey Sagal (Mariés, deux enfants, Touche pas à mes filles, Sons Of Anarchy)...

 

   Le pitch que vous venez de lire peut vous paraître étrange. Il s’agit en fait de l’exacte traduction de la phrase clé prononcée par la narratrice (la formidable Katey Sagal) par deux fois au cours du pilote, au début et à la toute fin. Et je suppose qu’en cas de commande, il fera aussi office de générique. Il est malicieux et méta. A to Z est un des scripts de comédies les plus originaux que j’ai lus jusqu’ici cette saison (et il m’en reste peu) et je vois très exactement pourquoi NBC ne pouvait pas ne pas en commander au moins un pilote. Et comme j’aime prendre des risques, je dirais même que je vois très exactement pourquoi NBC doit et va la commander en série.

   Tandis que CBS a elle-même sélectionné quelques projets qui ont pour but de prendre la succession de son hit de la décennie How I Met Your Mother, à commencer par le spin-off bien entendu, NBC débarque avec son projet à elle qui y ressemble par certains aspects tout en offrant une autre vision de la comédie romantique. Je pensais l’année dernière que le Mixology d’ABC avait le potentiel de devenir cette nouvelle comédie ultra-générationnelle. Vu les audiences, c’est cuit. Alors peut-être que je me trompe aussi avec A to Z, mais elle se donne du mal pour renouveler le genre. On pourra au moins lui reconnaître ça si les choses tournent mal. Je vous en remercie par avance. La ressemblance avec HIMYM est de toute façon surlignée au feutre fluo depuis que Cristin Milioti, l’interprète de la « mother », a été choisie pour incarner le Z de A to Z, la fameuse Zelda. Sans entrer dans la polémique autour du final de la série culte, un reproche que l’on pourrait faire à la dernière saison c’est de ne pas avoir utilisé au maximum l’actrice et le capital sympathie de son personnage. A to Z pourrait réparer cela, car Zelda n’est pas très différente d’elle.

   Andrew, le A, peut également faire penser à notre ami Ted. Carrément même. Il est ultra-romantique, sans doute un peu trop pour son bien, et désespère de trouver l’âme sœur. Son exemple, c’est ses parents, longtemps mariés et heureux jusqu’à ce que madame décède. Puis son père s’est marié, remarié et reremarié –là, il est instance de divorce avec… Roseanne Barr- cherchant encore et encore « the one ». Andrew écoute donc du Céline Dion dans sa voiture et travaille pour une société spécialisée dans les rencontres amoureuses, "Crush", concurrente directe d'"OkCupid". Au passage, le scénariste en fait une critique assez cynique mais très juste. Lors d’une réunion de travail, les patrons d’Andrew annoncent clairement que leurs résultats sont trop bons : trop de couples se sont formés grâce à eux, ils ont de moins en moins de clients et doivent donc s’arranger pour échouer davantage dans leurs matchings ! Je pensais que l'aspect comédie de bureau prendrait le pas sur tout le reste, mais ce n'est finalement pas le cas.  Il y a un petit côté Better Off Ted bienvenue dans cet aspect-là de la série. Les personnages secondaires en sont les employés et/ou les colocataires des héros : Stu, le pote pas très délicat potentiellement lourd, qui bosse avec Andrew dans la compagnie; Stephie, la mangeuse d'hommes qui a toujours de très mauvais conseils à donner à Zelda; et Lydia, la patronne de Crush, une blonde ambitieuse et terrifiante.

  Avec une narration à la Pushing Daisies, une ambiance à mi-chemin entre How I Met Your Mother et Better Off Ted et des personnages potentiellement attachants soutenus par une distribution solide, A to Z est une comédie romantique atypique et amusante dont on pourrait facilement tomber amoureux. Son point faible, c'est qu'elle est plus mignonne et touchante qu'hilarante. Un peu plus de comédie serait nécessaire en cas de commande. J'aimerais que NBC lui donne sa chance...

19 avril 2014

Scorpion [Pilot Script]

20443690 (1)

SCORPION 

Drama // 42 minutes

44030377

Ecrit par Nick Santora (Prison Break, Breakout Kings, Vegas). Produit par Alex Kurtzman & Roberto Orci (Alias, Fringe, Hawaii 5-0, Star Trek, Sleepy Hollow, Transformers). Réalisé et co-produit par Justin Lin (Fast & Furious). Pour CBS, CBS Television Studios, K.O. Paper Products, Perfect Storm Entertainment & SB Films. 65 pages.

Walter O'Brien, surnommé "Scorpion", un homme possédant le 4ème Q.I. le plus élevé du monde, a recruté quelques-uns des plus grands génies de la planète pour fonder une société chargée de résoudre des crises urgentes et d'ampleur considérable, de celles que même la CIA ne parvient pas à régler seule. Inadaptés socialement, ils apprennent ensemble à vivre en communauté, à dépasser leurs peurs, leurs phobies et à vaincre leur solitude...

Avec Elyes Gabel (Body Of Proof, Game Of Thrones), Katharine McPhee (Smash), Robert Patrick (X-Files, The Unit, Terminator 2, True Blood), Eddie Kaye Thomas (American Pie, How To Make It In America), Jadyn Wong (Cosmopolis, Erica Strange), Ari Stidham (Huge), Ernie Hudson (Oz, SOS Fantômes, The Crow)...

 

   Le pilote de Scorpion m'a littéralement é-pui-sé ! Et ce pour une raison très simple : il est rempli d'action, de rebondissements, il est bavard, très bavard, presque schizophrénique tant il oscille entre plusieurs tons, et il parvient à installer chacun des sept personnages principaux avec une aisance incroyable. On ne peut pas respirer une seule seconde, pas de répit, jamais. C'est déstabilisant mais payant. Moi qui ne suis pas du tout client des procedurals de CBS, j'y ai trouvé mon compte. C'est hyper moderne, peut-être trop pour le public de la chaîne, et c'est bel et bien un "The Big Bang Theory" du drama, comme il avait été présenté lors de son achat. D'ailleurs, le héros est un peu Sheldonesque par moment. C'est ce qui le rend aussi drôle qu'attachant. J'ai l'impression d'avoir déjà tout dit en un paragraphe, mais je vais essayer de creuser...

   La scène d'ouverture, spectaculaire et d'une grande beauté, est un flashback se déroulant en Irlande dans les années 90, nous montrant comment une unité d'élite du Gouvernement Américain a débarqué dans une ferme isolée au milieu des vallées pour arrêter un petit garçon d'une dizaine d'années qui avait réussi à hacker le système informatique de la NASA ! Et ce petit garçon, 22 ans plus tard, est notre héros. Figurez-vous que ce génie existe, de même que la société qu'il a fondée et qui est au coeur de la série. Je ne sais pas s'il a vraiment été exposé à un cas comme celui de ce premier épisode -je n'espère pas, ce serait très inquiétant- mais la question de la crédibilité de ce que l'on nous montre est inévitable. A plusieurs reprises, je me suis dit qu'ils allaient un peu trop loin dans leur délire. Mais ce n'est pas si gênant que ça au fond tant que le divertissement est efficace. Et assurément, il l'est. Je vous explique : la team est approchée par la CIA, représentée par l'Agent Cabe Gallo, pour venir en aide à la tour de contrôle de l'aéroport international de Los Angeles (LAX) dont le système informatique vient de crasher, menaçant de faire se crasher une dizaine d'avions sur le territoire américain dans les trois heures. La course contre la montre commence donc et nous entraîne dans des aventures spectaculaires, ave tour à tour une scène incroyable -et peu crédible- sur une piste d'atterissage, ou une autre avec deux des membres de l'équipe coincés dans une pièce top-secrète dont le système de sécurité s'enclenche, lequel consiste à se remplir d'eau au fur et à mesure... Quand je vous dis qu'il y a de l'action, je ne vous mens pas ! Avec Justin Lin, réalisateur de plusieurs opus de Fast & Furious, tout porte à croire que ça aura de la gueule. 

   Mais si Scorpion se contentait de ça, ce ne serait pas suffisant. Il s'avère que la série a aussi pour vocation de faire du feuilletonnant avec ses héros. Ils ont tous leurs petits ou gros problèmes. Ils sont tous très différents, très spéciaux, dans leur rapport à l'autre, dans leurs angoisses. Ils sont tous atypiques et le scénariste a pris le parti d'en rire, d'en faire quelque chose d'assez léger. Résultat : on se retrouve avec un certain nombre de répliques tordantes et de situations improbables, et bon nombre de scènes qui privilégient l'humour. D'ailleurs, il faut attendre la 12ème page du script avant que le cas de la semaine ne soit présenté. C'est assez rare pour le souligner dans ce type de série ou ça se passe en général dans la première ou la deuxième scène. L'accent est vraiment mis sur les personnages. La séquence qui suit celle d'ouverture que je vous ai présentée plus tôt est Walter O'Brien au restaurant en train de larguer sa copine du moment de manière très inattendue et goujate à souhait ! La suivante nous présente l'équipe Scorpion sous l'angle de leur quotidien, au sein de l'entrepôt high-tech dans lequel ils vivent. L'un d'entre eux a oublié de payer la facture d'électricité et cela entraîne des dialogues savoureux. Puis l'on se retrouve dans le bar QG du héros, où une grande partie de l'action du pilote va se dérouler, aux côtés d'une serveuse au caractère bien trempé (Katharine McPhee) et son jeune fils, un petit génie en devenir, coupé du monde, avec qui Walter va se lier d'amitié et aider à avancer. Evidemment, il tombe un peu amoureux de la maman. La demoiselle ne se contente pas de faire d'être jolie, elle participe plus tard à l'action et rejoint plus ou moins officiellemment la bande au terme du pilote.

   Je me dois de terminer cette critique dithyrambique sur l'aspect négatif de la série : les personnages qui savent tout sur tout, qui vous sortent des tirades mathématiques de trois mètres de long que vous ne comprenez pas... c'est lourd à la longue. Ca vous donne presque l'impression que l'on fait exprès de vous donner trop d'informations pour que vous ne puissiez pas vous rendre compte par vous même si ce qui se passe est possible, réaliste, logique. Et puis même si c'est assez original dans l'idée, l'agent de la CIA est totalement inutile. Il est spectateur de tout ce qui se passe, il n'intervient quasiment pas, sauf pour faire des remarques désobligeantes. Enfin, pas de cliffhanger en fin de pilote mais une scène un peu trop niaise à mon goût, vraiment pas percutante.

   Scorpion a selon moi toutes les capacités pour devenir un gros hit pour CBS, elle réussit là où Intelligence a complètement échoué par exemple. C'est une série blockbuster qui requiert un budget conséquent pour ne pas être ridicule à l'image, qui peut faire un carton chez les 18/49 ans tant elle est moderne et incarnée par des héros un peu plus jeunes que la moyenne des autres programmes de CBS en dehors des comédies. Elle a vraiment beaucoup d'atouts, même si je réserve mon jugement sur le casting. Vu les beaux projets de la chaîne cette saison, elle va devoir se battre pour obtenir sa place...

17 avril 2014

Bambi Cottages [Pilot Script]

20443686

BAMBI COTTAGES 

Comédie (Single-Camera) // 22 minutes 

44030376-bis

Ecrit par Brian Gallivan (The McCarthys, Happy Endings). Produit par Will Gluck (Easy Girl, Sexe entre amis, The Michael J. Fox Show). Pour ABC, ABC Studios, Sony Pictures Television & Olive Bridge Entertainment. 36 pages.

A l'été 1972 , Teddy Burke, un père de famille surmené, décide qu'il est grand temps de réaliser son rêve : quitter la ville pour gérer un camp de vacances du bord de mer dans le New Hampshire. Sa femme, très réticente à cette idée, finit par accepter par amour, tandis que leurs six enfants âgés de 7 à 17 ans n'ont pas d'autre choix que de les suivre et découvrent qu'ils vont devoir mettre la main à la pâte, que ça leur plaise ou non...

Avec Molly Shannon (Saturday Night Live, Kath & Kim, Enlightened), Paul F. Tompkins (The LA Complex), Connor Kalopsis, Cole Sand, Charlie Kilgore, Shiloh Nelson, Ty Parker, Tessa Albertsonin...

 

   ABC, passée reine dans la production de comédies familiales single-camera amusantes et feel-good, poursuit sur sa lancée avec Bambi Cottages, qui fournit exactement ce que l'on attend d'elle, quitte à ne pas surprendre et ne pas apporter grand chose de nouveau à ce qui existe déjà sur l'antenne de la chaîne Disney, à savoir The Middle, Modern Family, The Goldbergs et Trophy Wife (enfin cette dernière peut-être plus très longtemps, malheureusement). Je mets Suburgatory et The Neighbors à part, parce qu'elles ont su faire preuve d'un peu plus d'originalité, laquelle n'a pas été vraiment récompensée par ailleurs. Mais dans l'esprit, on est dans la même tendance. Et on ne peut pas leur en vouloir d'assurer leurs arrières après tout. Quand ils font autre chose (Happy Endings, Don't Trust The Bitch, Mixology...), ils se plantent en beauté, malgré des séries de bonne voire excellente facture. 

   Bambi Cottages, c'est plus ou moins The Middle dans les années 70, sans les problèmes d'argent, troqués contre l'insouciance. Ou alors c'est le The Goldbergs des seventies, sans les tracacs du quotidien et l'univers ultra-référencé. Pour tout dire, les 2/3 du pilote seraient parfaitement transposables à notre époque. On va juste dire que se lancer dans une telle aventure -ouvrir un camp de vacances- est beaucoup plus risqué aujourd'hui qu'à cette période et ne paraîtrait pas très crédible, crise économique oblige. Mais la bonne nouvelle, c'est qu'il n'est pas nécessaire d'avoir grandi dans 70s pour apprécier les blagues. Un peu comme avec That '70s Show en fait. L'humour y est universel et efficace. Il se dégage de ce pilote un grand vent de liberté, accompagné d'un brin de nostalgie. C'est idéaliste, sans doute. Mais par les temps qui courent, ça fait du bien.

   Teddy est un peu agaçant au départ, avec cette façon d'imposer à tous SON rêve, mais la tendresse qu'il a pour sa femme et ses enfants est suffisamment explicite pour qu'on ne lui en veuille pas. Il ne fait pas ça égoïstement mais pour offrir une meilleure vie à l'ensemble de sa famille. Comme c'est mignon. Sa femme, jouée par l'excellente Molly Shannon, n'est pas hystérique -personne ne l'est d'ailleurs, ça c'est rafraîchissant- mais très sarcastique. Petit à petit, elle se laisse prendre au jeu malgré tout. Et la complicité qu'elle a avec son mari est aussi classique que sympathique. Un couple de télévision comme on les aime. Quant aux enfants, comme dans les autres comédies de la chaîne, ils ont plutôt intérêt à être bons car ils ont beaucoup à faire. Mais je ne me fais pas trop de soucis pour ça. Les casteurs font toujours du bon boulot dans ce département. Avec six enfants, on a forcément un petit sentiment de déjà vu concernant la personnalité de chacun d'entre eux, mais le créateur a quand même réussi à ajouter des choses intéressantes. Nous avons l'aînée, Veronica, qui ne peut pas s'empêcher de se comporter comme une deuxième maman au grand dam de ses frères et soeurs; Russell, décrit comme un Darlene au masculin (référence à Roseanne); Elliott, le petit garçon de 9 ans qui ne sait pas encore qu'il est gay, ses parents non plus; Phyllis, muette pour des raisons obscures; ou encore Nathan et Wally, un peu moins présents. Il y a de quoi faire ! La majeure partie du pilote consiste à mettre en place, pas toujours très naturellement et subtilement, les dynamiques et installer la famille dans son nouvel univers, face à quelques premiers clients mécontents des prestations offertes, pas conformes à leurs attentes.

   Comme son nom l'indique, Bambi Cottages est une comédie douce, mignonne, positive, qui manque peut-être un peu de mordant mais qui a parfaitement sa place sur ABC, casée entre The Middle et Modern Family par exemple. Fresh Off The Boat, sa concurrente la plus sérieuse, est plus originale et mérite davantage la place, si toutefois il n'y en a qu'une seule à prendre. Mais il y aussi Black-ish, que je n'ai pas trop aimé personnellement mais qui pourrait surprendre... Bref, la chaîne a l'embarras du choix et j'espère qu'elle fera le bon. A noter que le créateur, Brian Gallivan, est également à l'origine de The McCarthys, petit coup de coeur de la saison passée retravaillé chez CBS pour 2014 (voir la critique). 

16 avril 2014

Babylon Fields [Pilot Script]

20443688 (1)

BABYLON FIELDS (2014)

Drama // 42 minutes 

44030376-bis

Ecrit et produit par Michael Atkinson & Gerald Cuesta. Co-écrit, co-produit et réalisé par Michael Cuesta (Six Feet Under, Dexter, Homeland). Pour NBC & 20th Century FOX Television. 53 pages.

Du jour au lendemain, dans la petite ville de Babylon, les morts sortent de leur tombe. Devenus des zombies, ces ex-vivants en pleine putréfaction tentent de reprendre une "existence" normale, au milieu de leurs familles et de leurs amis, naturellement déboussolés. Ils peuvent parler et se souviennent de tout, ou presque. Janine Beltran, neurochirurgienne, et Thomas Wunch, scientifique, unissent leur force pour expliquer l'inexplicable, alors qu'eux-mêmes sont touchés par le retour de leurs proches. C'est alors que des secrets bien enfouis sont déterrés dans le chaos...

Avec  Skeet Ulrich (Scream, Jericho, Los Ageles Police Judiciaire), Virginia Madsen (Candyman Sideways, Hot Spot), Meagan Good (Cousin Skeeter, Deception, Californication), S. Epatha Merkerson (New York Police Judiciaire), Kyle Schmid (Copper, Being Human US), Ritchie Coster (Luck), Yul Vasquez (Treme, Magic City)...

 

   Faulkner -- “The past is never dead. It’s not even past.” J'avais envie de commencer cette review par cette jolie citation, prononcée par l'héroïne au cours du pilote de Babylon Fields. Vous n'êtes peut-être pas sans ignorer que ce projet sur des morts-vivants est, comble de l'ironie, lui-même un revenant. Il a été développé une première fois pour CBS en 2007, ce qui a abouti à une commande de pilote. Amber Tamblyn, Kathy Baker (l'excellente...), Ray Stevenson ou encore Jamey Sheridan faisaient partie de la distribution. Sans surprise, la chaîne a choisi de ne pas aller plus loin, même s'il lui est arrivé de commander de temps en temps des séries très différentes de ce qu'elle avait l'habitude de proposer. Je pense à Viva Laughlin notamment, la plus étonnante de toutes, et on pourrait aussi citer Harper's Island ou Vegas. Mais Babylon Fields allait sans doute trop loin dans le gore et l'étrange, d'autant plus dans une télévision pré-The Walking Dead. Le pilote, toutefois très apprécié par les professionnels de la profession et les critiques, s'est retrouvé disponible sur internet, fait rarissime. Et vous pouvez le (re)voir en bas de cette page. Ce que j'ai consciencieusement fait avant de vous écrire cette bafouille.

    Une fois que l'on a replacé Babylon Fields dans son contexte d'origine, contextualisons cette nouvelle version qui débarque 7 ans plus tard. The Walking Dead est passée par là, ainsi que In The Flesh, Les Revenants et tout récemment Resurrection, traitant toutes plus ou moins du même sujet mais chacune à leur manière, avec leurs spécificités locales. NBC, et plus précisément Jennifer Salke, sa responsable des dramas, ancienne de 20th Century FOX qui a participé au développement du premier pilote, a vu l'opportunité de surfer sur la tendance avec un projet clé en mains. Surtout qu'entre temps, Michael Cuesta, son réalisateur et producteur exécutif, a fait ses preuves sur Dexter et Homeland, rien que ça (et a réalisé les pilotes d'Elementary et Blue Bloods). A l'époque c'était un jeunot et quasi "no one". Mais alors est-ce que Babylon Fields apporte quelque chose à ce que l'on a déjà vu sur les zombies ? La réponse est non. On est à mi-chemin entre The Walking Dead et Resurrection, tandis que l'on retrouve peu de nos Revenants. C'est dommage, c'était la meilleure référence des trois, sans chauvinisme aucun. 

   Là où le premier pilote était très dans l'intime, dans le silence, dans la froideur, dans l'émotion, dans l'irrationnel qui ne cherchait pas être expliqué (en tout cas dans le pilote, qui sait ce qu'aurait donné la suite... ), celui-ci s'annonce plus frontal, plus grandiloquent, plus dans la démonstration, dans le gore, dans le mystère. Il laisse peu de place à l'émotion malheureusement et préfére privilégier l'action et les rebondissements. C'est sans doute plus proche de notre temps, à tort ou à raison. Le premier sonnait très câble. Celui-ci sonne plus network, la violence et le gore mis à part. Et ce n'est pas un détail. Si l'oeuvre originelle est dénaturée, c'est en pleine conscience : l'équipe est exactelent la même. On ne peut pas reprocher à NBC d'avoir voulu le rendre plus grand public et, de fait, plus attrayant... plus vivant ! Peu de choses ont été gardées de l'histoire d'origine. Quelques fragments de scènes, quelques morceaux de personnages.

   L'intrigue adopte d'emblée une position plus scientifique et explicative, ne serait-ce que de par le métier de ses héros principaux. Ils essayent de comprendre, ils cherchent des réponses, et leur quête fait écho à leurs démons personnels. Tout cela est assez bien géré, avec quelques séquences marquantes, inquiétantes, je n'irai pas jusqu'à dire terrifiantes mais elles sont en tout cas indéniablement inconfortables pour le téléspectateur. J'ose espérer que c'est le but recherché, de le bousculer. Ni trop, ni pas assez... Il y a un gros twist, que je n'avais personnellement pas vu venir, et une révélation, prévisible à des kilomètres, qui donnent envie de revenir. Mais je ne suis pas certain que cette série puisse tenir le coup sur le long terme. Cette version a plus d'ampleur que la première, mais peut-être pas encore assez pour nous tenir haleine bien longtemps. Et puis, inévitablement, il y a la religion. Elle est quasiment absente des Revenants, si ce n'est par touche, de façon très sinueuse. Elle est très présente dans Resurrection, du moins de ce que j'en ai vu. Elle a un rôle à jouer dans The Walking Dead, mais sans être trop appuyée, sans insistance. Tout cela est très révélateur. Dans Babylon Fields, en bonne série américaine, elle est représentée par le personnage interprété par Skeet Ulrich, un prêtre qui a la mauvaise surprise de découvrir son frère jumeau, mort, sur le pas de la porte de son église. Double peine pour ceux qui comme moi n'aiment pas du tout cet acteur... Cette partie-là, de mon petit point de vue de français athée, est ennuyeuse. Pourtant, parfois, la croyance peut me fasciner dans la fiction. Mais pas là. Vraiment pas.

   Malgré l'opportunisme évident de sa résurrection, Babylon Fields n'a pas à rougir de son intrigant pilote. Si l'on n'avait pas vu toutes ces séries de zombies naître ces dernières années, elle aurait même été très singulière dans le paysage télévisuel. Mais on les a vues, parfois aimées, parfois détestées, et on n'en a plus envie, surtout pas d'une nouvelle, qui plus est avec un casting si peu alléchant. Associée à Grimm le vendredi soir, elle pourrait cependant s'en sortir honorablement en terme d'audiences. Je ne la vois en tout cas pas faire pire que Dracula et Hannibal... Si NBC ne lui donne pas la vie, je ne la pleurerais.

 

 Découvrez le pilote de Babylon Fields, version 2007 :

15 avril 2014

Good Session [Pilot Script]

20443690 (1)

GOOD SESSION

Comédie (Single-Camera) // 22 minutes

44030376-bis

Ecrit, produit et réalisé par John Hamburg (Mon beau-père et moi, Zoolander, I Love You Man). Co-écrit et co-produit par Matthew Miller (Chuck, Las Vegas, Forever). Pour CBS & Warner Bros. Television. 42 pages.

Lindsay et Joel forment un couple heureux depuis 12 ans. Afin de déterminer si oui ou non ils sont prêts à élever un enfant, ils se lancent dans une thérapie. Mais, en fouillant dans leurs souvenirs, ils découvrent rapidement qu'ils ont bien plus de problèmes à régler qu'ils ne l'avaient réalisé.

Avec James Roday (Psych), Mandy Moore (Le temps d'un automne, Raiponce, Grey's Anatomy), Rich Sommer (Mad Men), Tracey Ullman (How I Met Your Mother, Ally McBeal), Ana Noguiera (The Michael J. Fox Show), Danielle Nicolet (3ème Planète après le soleil)...

 

   Malgré le gros échec de We Are Men, annulée sans surprise au bout de deux semaines de diffusion, puis l'inexorable chute -absolument pas méritée- de The Crazy Ones (en attendant Bad Teacher), CBS n'a pas perdu espoir d'imposer une comédie single-camera sur son antenne même si, très honnêtement, je ne vois pas pourquoi elle se démène tant alors que son truc c'est les multi-camera et que ça lui réussit plutôt bien depuis des décennies et plutôt mieux qu'à toutes ses concurrentes surtout. Question de fierté peut-être. Excès de confiance. CBS veut montrer qu'elle peut tout réussir. Parmi les pilotes commandés, trois sont donc des single-camera : Gaffigan, qui était une multi l'an dernier et qui a été retravaillée pour 2014, Taxi-22, finalement repoussé faute de trouver le bon acteur pour le rôle principal, et Good Session, dont je vais vous parler maintenant. Aussi sympathique soit-elle, je ne crois pas qu'elle puisse être LE hit qui débloquera la situation de la single-cam sur CBS...

   Quelque part, Good Session est une sorte de Rules Of Engagement plus moderne et plus soigné. Ou alors un sous-sous-sous In Treatment du couple. C'est en tout cas une énième comédie qui tente de nous apprendre comment fonctionne vraiment un couple, de l'intérieur, mais sans tous les clichés habituels. C'est du coup assez rafraîchissant dans un genre où tout a déjà été fait, et souvent assez mal ces dernières années. Du point de vue de la stricture, nous avons avant tout les séances chez la thérapeute, assez réussies dans l'ensemble, qui entraînent des flashbacks, ici sur leur première rencontre, sur la fois où elle et lui se sont rendus compte qu'ils étaient amoureux -et ce n'est pas la même- sur leur première fois également, totalement ratée. Disons que monsieur a été plus que précoce. Lors de ce passage puis quelques autres, le pilote navigue d'ailleurs dans des eaux troubles, pas très networkiennes, mais qui sont très à l'image de ce que le scénariste John Hamburg a pu faire par le passé au cinéma, notamment dans Mes beaux parents et moi. C'est vulgaire et osé, et ça marche à mort. Je pense que les fans de 2 Broke Girls, ou ceux de Mon Oncle Charlie ne devraient pas être trop choqués. Les autres... Il y a également quelques scènes au présent loin du divan, qui permettent de faire intervenir le couple d'amis le plus proche de Joel et Linsday, heureux mais pas tout à fait honnêtes l'un envers l'autre, ainsi que le père de monsieur, qui en est à son sixième mariage, et la soeur aînée de madame, pas du tout sérieuse, excentrique. L'idée est sans doute de nous montrer qu'ils se sont construits en essayant de s'éloigner le plus possible de ces trois modèles pour créer leur truc à eux. C'est vrai qu'au bout du compte ils sont mignons et attachants. Le vrai problème dans le fond, c'est que l'on ne peut pas s'empêcher de penser qu'ils n'ont absolument pas besoin de cette thérapie. Et accessoiremment que le système va vite nous gonfler et ne peut durer indéfiniment... sauf si c'était un drama. Là on pourrait explorer des intrigues plus sombres. 

   Good Session est une comédie qui se prétend plus intelligente qu'elle ne l'est vraiment, et qui n'est pas aussi drôle qu'elle devrait l'être. Mais elle n'en reste pas moins agréable à suivre, sympathique comme tout, amusante, mignonnette, un peu dacalée, osée... Elle n'est malheureusement pas à sa place sur CBS et je la vois difficilement tenir le coup à l'antenne, si toutefois elle parvenait à y accéder.  

Publicité
Publicité
1 2 > >>
Des News En Séries, Le Blog
Publicité
Visiteurs
Depuis la création 2 496 314
Derniers commentaires
Archives
Publicité